Politique de santé : l’Ordre est-il crédible ?

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Le Conseil National de l’Ordre a éprouvé le besoin de proposer des orientations concernant l’évolution de l’exercice médical et de la santé . Ces priorités concernent les violences, la médecine esthétique et les coopérations interprofessionnelles.

Il n’est pas de mon propos de faire, entre autres, des suggestions aux «grands penseurs de Paris» mais il y a tout de même des choses qui m’interrogent.

                Concernant par exemple les coopérations interprofessionnelles, cela suit la décision du président du CNOM de signer l’accord du CLIO…   Or cet accord, il dit l’avoir «dénoncé» au moins oralement à plusieurs reprises. Bon, mais j’ai le sentiment que Paris sert la même «soupe» sous un habillage différent. Donc, il est tenu d’honorer sa signature (toute honte bue peut-être ? ).  Or l’institution, au moins au niveau départemental, est en désaccord avec cette vision de l’exercice médical quotidien (très «proposition politique»)

               Ensuite se pencher sur l’exercice de la médecine esthétique, ok, je veux bien, mais de là a en faire une «grande cause nationale», les bras m’en tombent ! Je ne peux que constater que «alors que le bateau coule, on se préoccupe surtout de la décoration des cabines» !

Voilà rapidement deux points qui m’interpellent, et à mon sens, montrent le décalage radical entre le National et la base.

Je me garderai de faire l’éternel procès des «élites déconnectées du quotidien» , mais je dois avouer que faire de telles propositions, c’est envoyer le bouchon au delà du cercle polaire arctique.

  Le problème fondamental actuel est le manque criant de médecins, à tout niveau de spécialité : généraliste ou d’organe. De plus seuls les médecins peuvent et savent faire de la médecine.

Faire croire qu’un quidam, appliquant on ne sait quel protocole (tout détaillé qu’il fut), fait un travail équivalent et de la même qualité, confine à l’escroquerie intellectuelle.

La formation médicale associée à l’expérience du terrain ne peuvent pas se découper en rondelles.

De plus, même si des  maladies chroniques ont un coté répétitif pouvant bénéficier d’une aide par des non médecins, quid en cas de problème ? Saura-t-on poser les bonnes questions pour détecter les soucis en fonction du terrain et du patient ? Saura-t-on sélectionner le petit détail qui fait basculer le cas ? Et enfin qui va trouver le spécialiste de recours, s’il n’y en a plus à moins de 100 km à la ronde ( surbooké de surcroit) ?

En bref qui va «trinquer» en cas de problème vital ?

Vouloir gérer l’absence de médecin par des ersatz pseudo médicaux n’est pas une solution viable pour un médecin consciencieux. Il est évident que c’est une vision cosmétique et politique pour faire plaisir au citoyen électeur, montrant ainsi que l’on a réglé le problème de la démographie médicale.

Il est tout de même utile de rappeler que l’arithmétique se fiche totalement de la politique, et que la réalité montre qu’il n’en n’est rien !  Et «cerise sur le gâteau» le manque de spécialiste d’organe vient, en plus, obérer significativement la qualité de l’exercice du médecin de famille ..

La question «qui ne sera pas posée»(phrase célèbre d’un procès tout aussi célèbre) est : quelle réorganisation est médicalement acceptable pour permettre des soins adaptés , en bref comment gérer la pénurie massive de médecins en conservant un exercice médical conforme aux attentes légitimes d’un riche pays européen ?

He bien, à mon sens , le CNOM propose une réponse totalement inadaptée, pour ne pas dire décalée. On peut dire alors , que sur ce point là , il n’est pas crédible .

Le problème que cela me pose est, que du coup , c’est ma crédibilité  d’ordinal départemental qui se trouve sérieusement mise en cause, ce qui est tout de même un comble, n’ayant jamais été consulté en la matière .

Vouloir faire de la politique est une chose , être crédible dans cette fonction est le minimum , mais nuire à l’institution est une faute, une erreur grave .

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